Défis pour les pays producteurs de cacao face aux nouvelles régulations européennes sur la déforestation

Le cacao, ingrédient phare de nombreuses gourmandises à travers le monde, fait aujourd’hui face à des défis environnementaux croissants. Depuis plusieurs années, la question de la déforestation liée à la culture du cacao est au cœur des préoccupations, notamment pour les pays producteurs d’Afrique de l’Ouest. 

L’Union européenne, dans le cadre de ses engagements climatiques, a mis en place de nouvelles régulations concernant la déforestation, qui entreront en vigueur en janvier 2025. Ces règles, bien qu’essentielles pour la lutte contre le changement climatique, posent des défis considérables pour les pays producteurs de cacao.

 

Une régulation européenne stricte sur la déforestation

La législation européenne sur la déforestation, qui vise à interdire l’importation de produits liés à la déforestation dans l’UE, touche plusieurs matières premières, dont le cacao. En vertu de ces nouvelles règles, les entreprises devront prouver que leurs produits, y compris le cacao, ne sont pas responsables de la déforestation ou de la dégradation des forêts. Cela signifie qu’une traçabilité parfaite de la chaîne d’approvisionnement devra être mise en place.

Les producteurs de cacao doivent désormais s’assurer que chaque étape, de la culture au produit final, respecte ces normes strictes. La mise en œuvre de ces réglementations implique des coûts élevés pour les petits producteurs et les coopératives locales, déjà fragilisées par une volatilité des prix et des défis environnementaux.

 

Des défis considérables pour les pays producteurs

Les pays producteurs de cacao, en particulier en Afrique de l’Ouest, ont exprimé de vives inquiétudes concernant la mise en œuvre de ces régulations. Lors d’une récente réunion à Abidjan, les pays producteurs ont souligné plusieurs défis qui pourraient compromettre leur capacité à se conformer à ces nouvelles exigences :

  • Traçabilité complexe et coûteuse : Mettre en place des systèmes de traçabilité complets pour le cacao, notamment pour garantir qu’il ne provient pas de terres déboisées illégalement, nécessite des investissements substantiels en technologie et en formation des producteurs. Beaucoup de petites exploitations, souvent informelles, n’ont pas les ressources nécessaires pour suivre ces exigences.
  • Coûts de conformité : Le processus de certification, la mise en place de contrôles et la surveillance en continu des chaînes d’approvisionnement entraîneront des coûts élevés. Pour les producteurs, ces frais risquent de rendre le cacao plus cher, affectant ainsi la compétitivité sur le marché international.
  • Difficulté d’accès au financement : Les producteurs de cacao, en particulier ceux des régions reculées, peinent à obtenir des financements pour moderniser leurs pratiques agricoles et investir dans des technologies de traçabilité. L’absence de soutien financier à ces niveaux pourrait compromettre la transition vers des pratiques plus durables.

 

Une demande de report pour la mise en œuvre

Face à ces défis, les pays producteurs de cacao ont demandé un délai supplémentaire de deux ans pour se conformer aux nouvelles régulations. Selon eux, ce report est crucial pour permettre aux producteurs de s’adapter à ces normes tout en préservant leur modèle économique fragile. 

Leurs préoccupations ne concernent pas uniquement l’aspect technique et financier, mais aussi le risque que cette réglementation ne prive de nombreuses coopératives de cacao de leur principal marché européen.

 

L’impact sur l’industrie du chocolat

Pour l’industrie du chocolat, qui dépend fortement des producteurs de cacao des pays en développement, cette nouvelle législation représente une double contrainte. D’une part, la demande d’un cacao durable et traçable pourrait entraîner une augmentation des coûts de production. D’autre part, l’impact sur la disponibilité du cacao bon marché pourrait bouleverser l’approvisionnement en cacao pour de nombreuses entreprises.

Chez Shoukâ, nous comprenons l’importance de la traçabilité et de la durabilité dans la production de cacao. C’est pourquoi nous nous engageons, en tant que professionnels du secteur, à privilégier des pratiques responsables et à soutenir des producteurs respectueux de l’environnement, tout en tenant compte des défis économiques que rencontrent ces derniers.

 

Quelle solution pour l’avenir ?

Les régulations européennes sur la déforestation constituent une étape importante dans la lutte contre la dégradation des forêts tropicales, mais elles doivent être accompagnées de mesures concrètes pour soutenir les producteurs.

Un soutien financier pour la transition vers des pratiques agricoles durables, une collaboration renforcée entre les producteurs et les gouvernements, ainsi que des investissements dans la traçabilité numérique sont des pistes qui pourraient permettre une mise en œuvre réussie de ces règles.

Enfin, il est essentiel que les entreprises du secteur, comme la nôtre, continuent d’encourager des partenariats avec des producteurs locaux engagés dans des pratiques durables, tout en restant sensibles aux défis économiques et techniques auxquels ces derniers font face.

 

Conclusion

Les défis auxquels sont confrontés les pays producteurs de cacao dans le cadre des nouvelles régulations européennes sont indéniables. Cependant, avec une approche collaborative et des investissements dans des systèmes de traçabilité et des pratiques agricoles durables, il est possible de concilier durabilité environnementale et viabilité économique. 

Le cacao durable est non seulement un impératif pour l’environnement, mais aussi une opportunité de renforcer la qualité et la traçabilité des produits, au bénéfice des producteurs comme des consommateurs.

Sources :

  1. Le Monde – “Les pays producteurs de cacao face aux nouvelles régulations européennes”
  2. La Banque Mondiale – “Soutenir les petits producteurs de cacao face aux défis de la durabilité”