Le café au lait est un incontournable des petits-déjeuners en France, en Italie, en Espagne ou encore en Amérique latine. Doux, moins amer que le café noir, il plaît au plus grand nombre. Pourtant, depuis plusieurs années, cette boisson est pointée du doigt pour ses effets potentiellement négatifs sur la santé.
Alors, faut-il vraiment s’en méfier ? Est-ce le café, le lait… ou leur combinaison qui pose problème ? Cet article vous livre une analyse complète, basée sur des recherches et des sources officielles.
Qu’est-ce que le café au lait, et pourquoi soulève-t-il des questions ?
Le café au lait est une boisson composée généralement d’un café filtre ou d’un espresso allongé, mélangé à une portion variable de lait d’origine animale (vache principalement). Il diffère du cappuccino ou du latte macchiato, qui contiennent de la mousse de lait ou plus de lait en proportion.
Sur le plan nutritionnel, cette boisson combine deux univers :
Le café, riche en antioxydants, caféine, acides chlorogéniques
Le lait, riche en lactose (sucre naturel), calcium, protéines (caséine, lactosérum) et matières grasses
C’est cette synergie entre les deux composants qui suscite parfois des doutes quant à ses effets digestifs, métaboliques et nutritionnels.
Pourquoi le café au lait peut-il être mal digéré ?
L’un des reproches les plus courants faits au café au lait concerne sa digestibilité. Il n’est pas rare d’entendre que cette boisson « reste sur l’estomac », provoque des ballonnements, voire des reflux gastriques. Pourquoi ?
Voici plusieurs explications physiologiques :
Le café stimule la sécrétion acide de l’estomac, ce qui peut être bénéfique pour la digestion… mais aussi irritant chez les personnes sujettes au reflux gastro-œsophagien ou à l’hyperacidité.
Le lait ralentit la vidange gastrique : les matières grasses et les protéines, notamment la caséine, demandent un effort digestif supplémentaire.
Chez les personnes intolérantes au lactose, ce sucre naturel est mal digéré, entraînant des fermentations intestinales, des crampes ou de la diarrhée.
Certaines personnes présentent également une sensibilité non allergique aux protéines laitières, avec des troubles fonctionnels digestifs.
Ainsi, si le café au lait ne provoque pas de symptômes digestifs chez tout le monde, il peut être difficile à tolérer chez les personnes sensibles, intolérantes, ou déjà sujettes à des troubles digestifs.
Le lait de vache : inflammatoire ou injustement accusé ?
L’idée selon laquelle le lait de vache serait pro-inflammatoire est de plus en plus répandue dans les milieux de santé et chez certains praticiens en nutrition fonctionnelle. Pourtant, la science reste partagée.
D’un côté :
Les protéines laitières bovines (notamment la caséine A1) peuvent, chez certaines personnes, déclencher une réponse inflammatoire ou immunitaire faible mais chronique.
Le lait conventionnel peut contenir des traces d’hormones, de pesticides ou d’antibiotiques, surtout dans les productions industrielles peu encadrées.
Des études d’observation ont associé la consommation régulière de produits laitiers à un risque accru de certaines maladies auto-immunes (diabète de type 1, acné…), bien que ces liens soient encore débattus.
Mais d’un autre côté :
Plusieurs méta-analyses concluent à l’absence d’effet inflammatoire systémique des produits laitiers chez la majorité des personnes.
Chez des individus en bonne santé, la consommation modérée de lait ne semble pas entraîner d’inflammation notable.
Conclusion : l’effet inflammatoire du lait dépend de facteurs individuels (génétique, microbiote, antécédents) et du type de lait consommé (entier, écrémé, cru, bio, etc.). Il est donc impossible de généraliser à toute la population.
Le lait réduit-il les bienfaits antioxydants du café ?
Le café est riche en polyphénols, des antioxydants puissants (dont les acides chlorogéniques) qui participent à ses effets protecteurs contre le stress oxydatif, les maladies cardiovasculaires ou le vieillissement cellulaire.
Or, certaines études ont montré que les protéines du lait peuvent se lier à ces composés polyphénoliques, réduisant leur biodisponibilité.
Cela signifie que :
Le lait diminue l’effet antioxydant du café, du moins en laboratoire (études in vitro)
En pratique, l’absorption des polyphénols serait partiellement freinée, mais l’effet réel est probablement modéré
En d’autres termes, si vous consommez du café pour ses propriétés antioxydantes, il est préférable de le boire noir, surtout après les repas. Mais un café au lait occasionnel ne supprime pas tous les bienfaits non plus.
Café au lait et absorption du fer : une mauvaise association
Le café seul est connu pour réduire l’absorption du fer non héminique (fer présent dans les végétaux) à cause de sa teneur en tanins.
Ce phénomène est amplifié quand on y ajoute du lait :
Le calcium contenu dans le lait est un inhibiteur reconnu de l’absorption du fer
Boire du café au lait au moment d’un repas riche en fer végétal (légumineuses, légumes verts) peut donc compromettre l’assimilation de ce minéral essentiel
Cela peut être problématique pour les populations à risque : femmes enceintes, enfants, végétariens, sportifs, ou personnes carencées
Pour limiter cet effet, il est recommandé d’espacer la prise de café (avec ou sans lait) des repas d’au moins une heure, surtout si vous consommez du fer d’origine végétale.
Faut-il arrêter le café au lait ?
La réponse est non, sauf si vous êtes concerné(e) par l’un des cas suivants :
troubles digestifs fréquents ou diagnostiqués
intolérance au lactose
carence en fer
recherche d’un effet optimal à travers le café (antioxydants, stimulation…)
Pour les autres personnes, le café au lait peut parfaitement s’intégrer dans une alimentation équilibrée, à condition de ne pas en abuser, de choisir un lait de qualité (bio, cru, entier, végétal…) et de l’adapter à votre tolérance personnelle.
Quelles alternatives plus digestes au café au lait traditionnel ?
Si vous aimez la rondeur du café au lait mais cherchez à éviter les effets secondaires, voici quelques alternatives :
Laits végétaux : avoine, amande, soja, riz, noisette… Moins lourds, sans lactose, souvent enrichis en calcium
Lait sans lactose : idéal si vous digérez mal le lactose mais souhaitez rester sur un produit animal
Café allongé + mousse de lait à part : permet de mieux doser les quantités de lait
Bulletproof coffee (café + huile MCT ou beurre clarifié) : apprécié en diète cétogène, sans lactose
Conclusion : Le café au lait n’est pas mauvais pour la santé en soi
Mais il peut être inadapté à certaines situations ou profils.
En cause : la digestibilité du lactose, les interactions du lait avec les antioxydants et le fer, ainsi que des effets possibles sur l’inflammation chez certaines personnes.
La clé est de rester à l’écoute de son corps, de varier les apports et de ne pas faire du café au lait une habitude systématique. Boire du café noir le matin, et réserver un café au lait gourmand à l’occasion, peut être un compromis idéal.
Sources scientifiques
Harvard Health Publishing – The truth about coffee and your stomach (2021)
Fardet A. & Boirie Y. – Milk and dairy products: good or bad for human health?
Serafini et al. – Milk reduces the antioxidant capacity of tea and coffee in vitro, 2009
European Journal of Clinical Nutrition – Calcium and iron absorption: mechanism of interaction, 2004